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Les minéraux critiques peuvent créer des possibilités économiques transformatrices pour les communautés autochtones, à condition de bien faire les choses.
Les minéraux critiques peuvent créer des possibilités économiques transformatrices pour les communautés autochtones, à condition de bien faire les choses.
« Tous les chemins vers la carboneutralité passent par les territoires traditionnels des communautés autochtones. »
De la plume des membres du Conseil des minéraux critiques de la Chambre de commerce du Canada, Andrew Spencer, vice-président exécutif, Capital Portfolio Delivery, Hydro One, et Matthew Foss, vice-président de la recherche et de la politique publique, Conseil canadien pour le commerce autochtone.
Les minéraux critiques sont essentiels à la croissance économique verte du Canada. Une augmentation substantielle de l’exploitation minière et de la fabrication des 31 minéraux critiques dont nous avons des gisements, en particulier les six minéraux prioritaires définis par la Stratégie canadienne des minéraux critiques, nous permettra de renforcer les chaînes d’approvisionnement prioritaires, de développer et d’adopter les technologies d’un avenir plus vert et de tirer parti d’un potentiel économique inexploité.
Mais la Stratégie canadienne pour les minéraux critiques comporte également d’autres avantages potentiels, étant donné que de nombreux sites miniers futurs sont situés sur des terres autochtones traditionnelles. En effet, la stratégie offre la possibilité d’établir des partenariats avec les communautés autochtones afin de créer des débouchés économiques transformateurs et de favoriser une plus grande réconciliation. Cependant, cela ne sera possible que si de véritables partenariats sont développés.
Les précédentes tentatives de partenariat n’ont pas permis d’obtenir les résultats économiques et sociaux escomptés pour les communautés autochtones, car il leur manquait un élément essentiel : la participation des autochtones tout au long du cycle de vie du projet.
Soyons clairs : ce manque de participation n’est pas dû au fait que les communautés autochtones ne sont pas intéressées par des projets comme ceux des minéraux critiques. Ce manque de participation est plutôt le résultat du fait que les communautés autochtones ne se voient pas offrir les mêmes possibilités de participation que les autres communautés ou parties prenantes canadiennes.
La participation autochtone complète aux projets de minéraux critiques, depuis l’avant-projet jusqu’à la remise en état de la mine, exige de reconnaître deux vérités importantes et de faire quelque chose pour y remédier.
La première vérité est que les peuples autochtones sont les gardiens de la terre depuis des temps immémoriaux. La combinaison de leurs modes de vie et de connaissance traditionnels avec des méthodes scientifiques permet de créer un appareil décisionnel utile.
La deuxième vérité est que les consultations superficielles ou les invitations à s’exprimer dans le cadre de processus réglementaires ou de tribunaux ne sont pas synonymes de participation. Il en va de même pour leur représentation en tant que travailleurs de première ligne. Les autochtones doivent être des décideurs, des propriétaires, des partenaires et des leaders à chaque étape du projet et à chaque étape de la chaîne de valeur de l’approvisionnement, y compris la restauration des camps, les services de sous-traitance, l’ingénierie, les études sur le terrain et la remise en état.
Ce n’est que par l’appropriation que les communautés autochtones, les entrepreneurs et les entreprises autochtones seront les véritables bénéficiaires de ces projets. Cependant, il existe d’importants obstacles à l’appropriation qui nécessitent une coopération et une collaboration accrues avec les secteurs public et privé pour être surmontés.
Le Conseil canadien des entreprises autochtones préconise la mise en place d’outils et de programmes gouvernementaux pour aider les entreprises autochtones qui souhaitent s’impliquer dans des projets tels que les minéraux critiques, en particulier en ce qui concerne les capitaux. Le manque d’accès à des financements et à des capitaux abordables est l’un des principaux obstacles à la propriété autochtone. En l’absence d’un programme fédéral de garantie des prêts, le montant des capitaux nécessaires pour participer à cette chaîne de valeur lucrative est hors de portée de la plupart des communautés et des entreprises. Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent s’unir et proposer des solutions plus durables pour permettre aux communautés autochtones d’accéder à des capitaux à faible coût. La Coalition des projets majeurs des Premières Nations poursuit ses efforts pour veiller à ce que le gouvernement et l’industrie comprennent qu’il s’agit d’une étape essentielle pour faciliter les partenariats entre les Premières Nations et le développement des ressources au Canada.
Un manque systémique de participation autochtone entraîne des ruptures dans les relations et la réconciliation, et prive les communautés autochtones de tout bénéfice réel des projets menés sur leurs terres. Pour qu’un véritable partenariat se traduise par des avantages économiques et sociaux significatifs pour les communautés autochtones, toutes les parties impliquées dans les projets de minéraux critiques doivent accepter de s’asseoir à la table des négociations dès la phase d’avant-projet et écouter les communautés autochtones exprimer leurs souhaits et leurs besoins. Les meilleurs résultats sont obtenus lorsque les communautés développent des solutions qui leur conviennent.
Bien que nous disposions de plus de modèles de partenariats infructueux que de modèles de partenariats réussis, il existe au moins quelques exemples dont nous pouvons nous inspirer pour aborder de futurs projets. En 2022, Hydro One a annoncé un modèle de partenariat participatif à la pointe du secteur : les Premières Nations proches auront la possibilité d’investir dans une participation de 50 % dans tous les nouveaux projets de lignes de transmission à grande échelle d’une valeur supérieure à 100 millions de dollars, ce qui leur permettra de bénéficier d’un revenu pendant des dizaines d’années. Les communautés autochtones, sur les terres desquelles passeront les nouvelles lignes, auront une participation de 50 %, ce qui leur permettra de bénéficier de dizaines d’années de revenus. Il y a aussi le projet de ligne de transmission Waasigan de Hydro One, qui a été soumis à l’examen de la Commission de l’énergie de l’Ontario. Commençant à Thunder Bay, la ligne Waasigan s’étendra sur 370 km jusqu’à la ville de Dryden, apportant 350 mégawatts d’électricité supplémentaires au nord-ouest de l’Ontario pour répondre aux charges minières et à la demande d’électricité croissantes de la région. Le projet est évalué à 1,2 milliard de dollars, avec un potentiel de dizaines de millions de dollars de participation autochtone directe à la chaîne de valeur.
Il y a aussi l’engagement et la sensibilisation continus de Mosaic envers les communautés autochtones. La société d’extraction de potasse et de phosphate, également membre du Conseil des minéraux critiques, s’est engagée à atteindre les trois objectifs suivants d’ici 2025 : consacrer 15 % du total de ses investissements communautaires au Canada à divers programmes, notamment des programmes de formation de la main-d’œuvre, le commanditaire d’événements éducatifs et culturels et la rénovation d’écoles; veiller à ce qu’au moins 15 % des nouvelles recrues chaque année soient autochtones; et enfin, veiller à ce que 15 % de ses activités d’approvisionnement soient réalisées avec des entreprises appartenant à des autochtones. Mosaic a déjà réussi à atteindre les deux premiers objectifs et est en bonne voie pour atteindre le troisième, avec plus de 125 millions de dollars investis dans des entreprises autochtones au Canada depuis 2020. Comme le dit JP Gladu, directeur principal et directeur de Mokwateh et autre membre du Conseil des minéraux critiques, « tous les chemins vers la carboneutralité passent par les territoires traditionnels des communautés autochtones. » Une grande partie de la prospérité du Canada est attribuable aux ressources et aux entreprises exploitées sur les terres autochtones, pour lesquelles les communautés autochtones n’ont pas reçu de compensation équitable. Ce que nous faisons aujourd’hui, et la manière dont nous accordons ou non la priorité aux partenariats, aboutira soit à une répétition de cette situation, soit à la définition d’une nouvelle façon de faire qui donnera aux communautés autochtones les mêmes possibilités qu’aux autres communautés canadiennes de partager la prospérité économique et de s’approprier leur avenir.
Andrew Spencer
Andrew Spencer est vice-président directeur de la livraison du portefeuille de capitaux chez Hydro One en Ontario, au Canada. Il est chargé de tirer parti de nos capacités internes et de collaborer avec les principales parties prenantes et les partenaires autochtones pour mettre en œuvre efficacement notre plan d’investissement croissant, en veillant à ce que Hydro One puisse répondre aux besoins croissants d’énergie propre et de croissance économique dans la province. Hydro One a environ 6,5 milliards de dollars de projets en cours de construction et un portefeuille croissant en cours de développement. Andrew est responsable des fonctions de gestion de projet, d’ingénierie, de construction et de services environnementaux.
Matthew Foss
Matthew Foss est membre de la nation métisse de l’Alberta. Il possède plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie canadienne de l’énergie, se spécialisant dans l’économie de l’énergie, ainsi qu’une vaste expérience de la recherche et de l’élaboration de politiques publiques. M. Foss est actuellement vice-président de la recherche et de la politique publique pour le Conseil canadien des entreprises autochtones et est Conseil des chefs d’entreprise à l’École de politique publique de l’Université de Calgary.
Le Conseil des minéraux critiques
Le Conseil des minéraux critiques a pour mission de promouvoir le leadership des entreprises en matière d’extraction, de traitement, d’utilisation, d’exportation et de recyclage des ressources.Ensemble, les membres du Conseil des minéraux critiques contribueront à l’élaboration de la politique sur les minéraux critiques grâce à un engagement continu, à la recherche et au leadership éclairé.